Pas mal, pas pire

La litote est une figure de style qui « consiste à atténuer l’expression de sa pensée pour faire entendre le plus en disant le moins », indique le dictionnaire Le Robert.

La plupart des litotes du langage courant, au Québec, suggèrent une idée par la négation de son contraire. Par exemple : « Il ne fait pas chaud dehors » quand la température extérieure plonge à 20 degrés Celsius sous zéro. « Gros comme un pou », pour signifier que quelque chose est minuscule.

Dans le lexique amoureux, les Québécois sont portés sur la litote, manière commode de ne pas dire franchement ce que l’on ressent pour l’autre, de tourner autour du pot et d’éviter de passer pour un chanteur de pomme. Voici quelques exemples :

  • Elle est pas pire ou il est pas pire, elle n’est pas laide ou il n’est pas laid : voici une femme ou un homme d’une grande beauté. « Je suis un gars pas pire d’apparence […]* », écrit un homme sur un site web intitulé Modèles du Québec.
  • J’y ferais pas mal peut se traduire par : « J’aimerais tant l’embrasser, lui faire passionnément l’amour ». « N’empêche, y’est peut-être pas utile le gars, mais y’est pas laite non plus. J’y ferais pas mal moi, en tout cas !** » (Voir la définition du mot laite.)
  • Entendu de la bouche d’une personnalité publique que nous ne nommerons pas pour préserver sa réputation : « J’ai fourré pire », à propos des jolies femmes qui le titillaient. (Voir la définition du mot fourrer.)

*« PORTFOLIO MDQ5843 », Modèles du Québeclien.
**Verreault, Mélissa. « L’homme-poubelle », Urbania, 26 septembre 2011 — lien.
***Decoste, Marc-André. Les mots de la délivrance, Candiac, Créations MAD, 2012, p. 139.