Graine, synonyme de pénis.
Une chanson obscène bien connue au Québec l’affirme sans détour : « J’en ai fourré des Gaspésiennes / Moi j’vous dit qu’elles ont le sang chaud / J’en ai eu pour une semaine / À m’frotter le bout d’la graine pis avoir mal aux gorlots* ». (Voir les définitions de fourrer et de gorlots.)
Ô paradoxe : bien que le mot graine soit, au sens propre, un objet minuscule (la semence des plantes à fleurs), les Québécois ne l’utilisent pas nécessairement pour désigner un pénis de petite taille. Un homme peut exhiber, avec une virile fierté, sa grosse graine.
Se saucer la graine : posséder sexuellement, baiser. « Quand c’que les belles filles de Montréal ne voudront plus de moi / Ça m’f’ra pas d’peine de me saucer la graine dans une grosse torche acadienne** », chante l’auteur-compositeur-interprète Mononc’ Serge. (L’Acadie est le territoire culturel des francophones des provinces canadiennes du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse. Voir la définition de grosse torche.)
Suce ma graine, sur le ton du mépris ou du dédain, n’est pas une invitation, mais une insulte synonyme de « va te faire foutre ». Les femmes utilisent cette injure de la même manière que les hommes. Cette expression vient de l’anglais suck my dick, utilisée sans distinction par les femmes et les hommes anglos pour envoyer paître. (Cet emprunt à l’anglais est assez particulier. Pourquoi les Québécois francophones n’ont pas adapté dans leur langue une insulte similaire, kiss my ass ?)
Conseil d’une Française qui connaît bien les Québécois : « Contrairement au terme gosses qui peut à la rigueur passer (c’est limite !) dans une conversation polie, le mot graine est à proscrire.*** » (Voir la définition de gosses.)
Grainer un verre : tremper un pénis dans le breuvage d’autrui. Agression sexuelle passive. « Des chanteurs connus se vantent sur internet de “grainer” les verres des filles dans les partys, c’est-à-dire de tremper leur membre dans un cocktail à l’insu de la “pôvre” ou de l’élue qui trouvera du piquant à son shooter**** », déplore la chroniqueuse Denise Bombardier.
Ø La grainothèque, bibliothèque de semences de fleurs, de fruits et de légumes pour le jardinage, n’a rien à voir avec la sexualité.
Ø À l’Île de la Réunion, une graine est un testicule.
⇒Barre tendre ⇒Bat ⇒Bizoune ⇒Paquet ⇒Pissette ⇒Shaft, shafter ⇒Zouiz, zwiz
*La p’tite grenouille, chanson d’André Guitar pour la formation Crampe en masse, 2000.
**Les grosses torches acadiennes, chanson de Mononc’ Serge, 2001.
***Armange, Claire. Parlez-vous québécois ? Nouvelle édition revue et enrichie, Saint-Sébastien-sur-Loire, D’Orbestier, 2011, p. 87.
****Bombardier, Denise. « Le déconfinement de la sexualité », Le Journal de Montréal, 14 juillet 2020 — lien.