Épais, épaisse

Un épais est un individu mal dégrossi, stupide ou naïf, qui emmerde autrui. Ce terme n’est pas exclusivement lié à l’univers des relations amoureuses et sexuelles, mais s’il faut retenir un seul qualificatif injurieux qui surgit spontanément dans l’univers de la rencontre et du couple au Québec, épais et épaisse remportent la palme d’or.

« Il y a des épais saouls partout. Il y en aura toujours des gens pour crier : “montre-nous tes boules !”* » (Montrer ses boules, c’est exhiber ses seins devant l’œil torve d’un voyeur.)

« Est tellement épaisse… A’ pense qu’y va faire des exercices dans un centre sportif… Y fait des exercices, mais pas ceux qu’a pense…** », écrit le romancier Michel Tremblay sur un personnage de femme trompée par son mari.

Dans les lieux publics, les Québécoises qui ne veulent pas se faire achaler par des hommes tourmentés par leur libido leur lancent : « Fais de l’air, gros épais ! » Il s’agit d’une réplique du film culte Cruising Bar (de Robert Ménard, 1989). En français québécois, faire de l’air signifie déguerpir.

Les synonymes du mot épais ne manquent pas et s’expriment seulement au masculin pour la plupart d’entre eux : bouché, cave, coco, colon, deux de pique, étron, gnochon (ou niochon), habitant, innocent, insignifiant, mongol, moron, niaiseux, nono, sans-allure, sans-dessein, sans-génie, taouin, tarla (ou tarlais), tata, ti-coune, toton, trou de cul, twit.

Ø Le mot épais conserve, au Québec comme ailleurs, le sens d’objet ayant des proportions importantes. Un vêtement épais, par exemple.

*Morissette, Maude. « Entrevue d’humoriste à humoriste : spécial « les filles en humour », partie 1 », Affairesdegars.com, 24 mars 2013 — lien.
**Tremblay, Michel. Le cœur découvert. Roman d’amours, Montréal, Bibliothèque québécoise, 1992, p. 289.