Enfirouaper quelqu’un, c’est le berner ou l’ensorceler avec des promesses, de belles paroles — en amour, en affaires, en politique, etc. Être enfirouapé : être sous le charme de quelqu’un ou de quelque chose. S’enfirouaper : s’emballer trop vite, s’enfoncer dans une situation inextricable.
Dialogue extrait d’un roman québécois :
« —Et tu l’aimes ?
— À la folie.
— Tout de suite les grands mots !
— Elle est drôle, sexy.
— N’en jetez plus, la cour est pleine.
— Elle m’a plus qu’emberlificoté, elle m’a enfirouapé. Tu connais ce mot ? * »
Il a été suggéré que le verbe enfirouaper vient de l’anglais in fur wrapped (enveloppé de fourrure) : au temps de la colonisation, un trappeur ou un marchand malhonnête recouvrait de fourrures des pelages médiocres pour faire croire à sa clientèle que le tout était entièrement constitué de fourrures de qualité. Cette étymologie a été contestée, notamment par un professeur de l’Université Paris-Sorbonne, André Thibault, qui avance que le verbe enfirouaper est le fruit d’un croisement entre l’argot parisien du XIXe siècle enfifrer (« enculer ») et un vieux verbe québécois, rouâper, qui signifiait « râper » mais aussi « gronder, réprimander** ».
⇒Chanter la pomme, chanteur de pomme
*Marcoux, Bernard. Le bonheur : mode d’emploi, Montréal, La Plume d’or, 2015, p. 72-73.
**Thibault, André. « Franco-québécois Enfi (fe) Rouaper, ou l’histoire d’un faux anglicisme », Richesses du français et géographie linguistique volume 2, Bruxelles et Louvain-la-Neuve, De Boeck et Duculot, coll. « Champs linguistiques », 2008, p. 165-192.