Quelques trouvailles (14)

Par Jean-Sébastien Marsan (12 octobre 2010)

Voici mes lectures des dernières semaines. Et un logiciel pour un corps de rêve.

Sexe et littérature. L'universitaire français Olivier Bessard-Banquy, spécialiste de la littérature et de l'édition contemporaine, a lancé l'été dernier Sexe et littérature aujourd'hui (La Musardine), tour d'horizon de la sexualité et de l'érotisme dans la littérature française depuis la fin des années 1980.

En 1989, le roman Le boucher d'Alina Reyes a donné un nouveau souffle à la littérature érotique au féminin. Mais dans les années 1990 et 2000, le porno-chic a tout contaminé. En y ajoutant les confessions autobiographiques à n'en plus finir d'auteurs qui baisent pour baiser et ne savent plus aimer, le portrait de la littérature osée des 20 dernières années est peu ragoûtant : violence gratuite, complaisance, tristesse, solitude, désabusement. Olivier Bessard-Banquy retient quand même quelques auteurs de talent : Alina Reyes et sa description du désir charnel, Françoise Rey et la sensualité de La femme de papier, la réflexion sur la relation sadomasochiste de Vanessa Duriès (Le Lien), Catherine Millet pour le style clinique de La vie sexuelle de Catherine M., la critique du désordre amoureux de Michel Houellebecq (Extension du domaine de la lutte, Les particules élémentaires), la rhétorique d'Alain Soral dans Sociologie du dragueur, les gauloiseries de Michel Polac dans son Journal, la spontanéité d'Anna Rozen (Plaisir d'offrir, joie de recevoir), la noirceur de Nelly Arcan (Putain) et les romans de gare d'Esparbec (pseudonyme de Georges Pailler).

Personnellement, la littérature osée contemporaine me semble trop trash, elle manque cruellement d'humour, d'imagination et de sentiments. J'ai l'impression que personne n'a dépassé la grivoiserie des poètes coquins du Moyen Âge, la pornographie du marquis de Sade, la critique sociale de Balzac et le romantisme du XIXe siècle. Si vous avez envie de vous échauffer l'âme et les sens avec les lettres françaises, les classiques vous procureront probablement plus de sensations fortes que les derniers succès de librairie...

L'hypothèse du bonheur. Un éditeur belge (Éditions Mardaga) a récemment traduit en français un formidable travail de vulgarisation scientifique signé en 2006 par un professeur de psychologie à l'Université de Virginie, Jonathan Haidt. Le livre, intitulé L'hypothèse du bonheur. La découverte de la sagesse ancienne dans la science contemporaine, explore dix thématiques de la psychologie populaire : parvenir au contrôle de soi, changer son état d'esprit, cultiver les liens sociaux, savoir tolérer les défauts des autres tout en admettant les siens, se lancer à la poursuite du bonheur, rencontrer l'amour sans s'illusionner, vaincre l'adversité, mener une vie vertueuse dans une société déstructurée, s'ouvrir au sacré même si on ne croit pas en Dieu, et, cerise sur le gâteau, découvrir le sens de la vie (en fait, il s'agit de donner sens à sa vie). Jonathan Haidt confronte ces dix thématiques à la sagesse ancienne (philosophies et religions, tant occidentales qu'orientales) et à de récentes découvertes de la science, surtout en psychologie.

Autrement dit : "Chaque chapitre tente de nous faire goûter une idée découverte par les différentes civilisations du monde, de la mettre en question à la lumière de nos connaissances scientifiques actuelles et d'en retirer les leçons qui s'appliquent encore aujourd'hui à nos vies modernes", écrit l'auteur en introduction. Une lecture à la fois érudite et accessible, qui critique plusieurs idées reçues sur le bonheur et qui permet de mieux comprendre pourquoi certaines personnes parviennent à donner un sens à leur existence alors que d'autres vont d'échec en échec jusqu'à la défaite finale, entre autres sur le plan amoureux.

Que veulent les Québécoises, au juste ? Pascale Piquet est une coach de vie d'origine parisienne, installée au Québec depuis 2001. Elle a lancé en 2006 un essai intitulé Le syndrome de Tarzan. Libérez-vous des lianes de la dépendance affective (Béliveau éditeur). J'ai surtout aimé la troisième partie du livre, sur les relations hommes-femmes, où Pascale Piquet ne se gêne pas pour critiquer certaines attitudes des Québécoises. Quelques citations choisies :

L'été dernier, j'ai eu le plaisir de rencontrer Pascale Piquet et de lui offrir un exemplaire du livre Les Québécois ne veulent plus draguer. Elle a ensuite livré ses impressions sur mon livre dans une chronique web.

L'hypersexualisation vestimentaire pour les nuls. La mode hypersexualisée de Mariette Julien (Les éditions Sisyphe, Montréal), lancé en janvier dernier, est un livre facile d'accès, très synthétique, en 113 pages (incluant un glossaire pour comprendre le jargon de la mode et les termes spécialisés). L'auteure, qui est professeure à l'École supérieure de mode de Montréal, décrit bien les origines et les manifestations de l'hypersexualisation, "esthétique de l'apparence qui met l'accent sur la sexualité". Vous savez, ces fillettes de huit ans habillées comme des actrices porno... Mais le livre a un côté puritain, par exemple lorsqu'il déplore "l'impératif de séduction de notre époque", comme si le fait de s'habiller sexy pour attirer le regard était mal en soi. Il faudrait peut-être commencer par retrouver le plaisir de se zieuter et d'apprécier le sex appeal des gens qui nous entourent, comme le suggère Pascale Piquet dans l'ouvrage cité plus haut. (Pour en savoir plus sur La mode hypersexualisée, voici un extrait du livre.)

Comment une Québécoise rencontrait-elle son futur mari en 1961 ? Le magazine féminin québécois Châtelaine fête ses 50 ans. La publication a exhumé de ses archives un article du numéro de novembre 1961, "Comment trouver un mari ?" (format PDF). Déjà, au début des années 1960, des Québécoises se plaignaient de la passivité des hommes sur le terrain de la rencontre amoureuse, et elles prenaient l'initiative de provoquer les événements...

Pour un corps parfait. Vous fantasmez sur des acteurs ou des actrices du petit et du grand écran ? Vous idéalisez peut-être des corps trop beaux pour être vrais, car ils peuvent être retouchés par ordinateur. Par exemple avec le logiciel MovieReshape; la vidéo de démonstration du logiciel est éloquente.


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