Habiter seul : la révolution des solos
Par Jean-Sébastien Marsan (6 janvier 2010)
Pendant les Fêtes, j'ai eu le privilège de lire en primeur une nouvelle publication scientifique tout juste sortie de l'imprimerie, Habiter seul : un nouveau mode de vie ?, à paraître aux Presses de l'Université Laval. Cet ouvrage collectif, très instructif et bien vulgarisé, s'attarde notamment aux deux arrondissements montréalais qui comptent le plus de ménages solos, le Plateau Mont-Royal et Rosemont-La Petite-Patrie.
Depuis plusieurs années, la vie en solo "est un phénomène en croissance qui ne montre aucun signe de faiblesse", souligne un des auteurs. En 2005-2006, les ménages composés d'une personne vivant seule formaient 27 % des ménages canadiens. Montréal est la capitale nationale des solos, le logement y étant plus abordable financièrement qu'ailleurs au pays.
Le portrait des solos est contrasté. C'est un mode de vie tantôt subi, tantôt choisi. Pour plusieurs, il s'agit d'une situation temporaire, mais pour d'autres, c'est du long terme. La condition de solo peut être jugée anormale ou, dans d'autres milieux, valorisée.
Un chapitre de Habiter seul : un nouveau mode de vie ? distingue les solos "authentiques" (individus indépendants qui ont vécu une bonne partie de leur vie adulte sans partager leur logis), les "convertis" (qui apprivoisent la vie en solitaire après avoir connu la vie de couple ou de famille) et les "mobiles", ces urbains cosmopolites qui déménagent et voyagent souvent, peu portés sur la vie de famille.
Plusieurs solos qui ont collaboré aux enquêtes synthétisées dans l'ouvrage sont célibataires, séparés, divorcés, etc., une minorité vivant une relation de couple durable sans cohabitation sous le même toit. Leurs réseaux relationnels sont très variables : certains subissent un tel isolement social que leur appartement leur semble une prison, d'autres sont des individus hyper-sociaux, toujours en relation et en mouvement, qui ne rentrent à domicile que pour dormir (comme à l'hôtel).
Habiter seul : un nouveau mode de vie ? démontre que la vie en solitaire influencera encore longtemps les relations hommes-femmes (et une foule d'autres dimensions de la vie en société : l'immobilier, l'alimentation, les loisirs, etc.).